Les sports multidirectionnels tels que le football, le
basketball ou le rugby imposent des exigences uniques en termes de capacité de
décélération horizontale. En effet, la possibilité de réduire rapidement son
élan dans différentes directions est un élément clé de la performance,
permettant aux athlètes d'ajuster leur vitesse et leur trajectoire en fonction
des actions de leurs adversaires et coéquipiers. Une plus grande capacité de
décélération horizontale permet de générer de plus grandes forces de freinage
horizontales en un temps plus court, facilitant ainsi les changements de
direction plus rapides et efficaces. Cela peut procurer un avantage décisif en
situation de jeu, que ce soit en attaque pour créer de l'espace ou en défense
pour mieux réagir aux actions de l'adversaire. Malgré son importance, il
n'existait jusqu'à présent pas de recommandations étayées par des preuves
scientifiques sur la façon d'améliorer cette capacité de freinage horizontal.
C'est dans ce contexte que cette étude propose un cadre de performance de
freinage visant à guider les entraîneurs et préparateurs physiques dans le
développement de cette qualité physique essentielle chez leurs athlètes.
Le cadre de performance de freinage propose le concept et l'utilisation d'un cadre de performance de freinage pour guider la sélection des méthodes et des exercices d'entraînement visant à cibler les déterminants neuromusculaires et biomécaniques actuellement connus de la capacité de décélération horizontale.
La capacité de décélération horizontale, élément fondamental de la performance dans les sports multidirectionnels, se manifeste comme un phénomène d'une complexité remarquable. Tel un réseau aux mailles entrelacées, cette aptitude physique se développe à l'intersection du neuromusculaire et du biomécanique. D'un côté, on retrouve les puissantes capacités de force, la vélocité explosive et la réactivité des athlètes ; de l'autre, l'habileté technique, l'orientation et l'intensité des forces de freinage, ainsi que les ajustements posturaux rapides. Ces deux dimensions, étroitement liées par la relation impulsion-momentum, forment un tout indissociable, où la coordination inter et intra-membres joue un rôle prépondérant. Tout comme un chef d'orchestre, l'athlète doit maîtriser avec rigueur cette symphonie de mouvements, abaissant son centre de masse, positionnant son pied avec précision et stabilisant sa posture, afin de réduire de manière efficace son élan dans toutes les directions. C'est dans cette alchimie subtile que réside la clé d'une décélération horizontale réussie, ouvrant la voie à des performances d'excellence sur les terrains de jeu.
Cette étude s'appuie sur une revue approfondie de la littérature scientifique existante, complétée par l'expertise collective des auteurs, tous reconnus pour leurs travaux sur la préparation physique dans les sports multidirectionnels. L'objectif était d'identifier les déterminants neuromusculaires et biomécaniques de la capacité de décélération horizontale, et de proposer des recommandations pratiques sous la forme d'un cadre de performance de freinage = BREAKING PERFORMANCE FRAMEWORK. La définition de la capacité de décélération horizontale proposée par Harper et al. met en avant deux aspects essentiels : le contrôle de la force de freinage et l'atténuation de la force de freinage. Ces deux composantes constituent le cœur du cadre de performance développé dans cette étude.
Le contrôle de la force de freinage nécessite que l'athlète positionne son centre de masse postérieurement au pied d'appui avant pour assurer un placement antérieur du pied et l'orientation postérieure requise de la force de freinage.
Le contrôle de la force de freinage requiert que l'athlète positionne son centre de masse de manière à orienter les forces de freinage de façon optimale. Cela implique une position basse et postérieure du centre de masse, permettant de stabiliser dynamiquement la posture et de maintenir le centre de masse derrière le pied d'appui. Cette configuration biomécanique spécifique vise à prolonger le temps pendant lequel les forces de freinage peuvent être appliquées, augmentant ainsi l'impulsion de freinage et la réduction du momentum. De plus, le contrôle de la force de freinage reflète les exigences perceptivo-cognitives du freinage en situation de jeu, où les athlètes doivent ajuster rapidement leurs actions en fonction d'un environnement dynamique et imprévisible. L'atténuation de la force de freinage, quant à elle, est essentielle pour réduire les dommages aux tissus mous et la fatigue neuromusculaire induits par les décélérations horizontales intenses. En effet, ces actions impliquent des forces de réaction au sol et des tensions musculaires extrêmement élevées, pouvant atteindre jusqu'à 5,9 fois le poids du corps. Le rallongement du tendon pendant la phase de freinage excentrique peut jouer un rôle clé pour atténuer ces forces de pointe et le taux de rallongement actif des fascicules musculaires. Développer la "résistance aux dommages" des structures tissulaires couramment exposées à ces forces de freinage élevées est donc un aspect important lié à la santé et à la performance à long terme des athlètes. Sur la base de ces deux composantes, le cadre de performance de freinage propose trois catégories d'exercices : les exercices élémentaires de freinage, les exercices de développement du freinage, et les exercices de performance de freinage.
Développer la 'résistance aux dommages' des structures tissulaires couramment exposées aux forces de freinage excentriques élevées est un aspect important lié à la santé des joueurs.