Spiruline et performance chez le sportif : que dit vraiment la science ?

Jun 23 / Arnaud BRUCHARD
Une micro-algue, de grandes promesses ?

La spiruline, souvent décrite comme un « superaliment », est depuis plusieurs années plébiscitée dans les milieux du sport pour ses prétendus effets sur la récupération, la réduction du stress oxydatif et même la performance physique. Mais que valent réellement ces affirmations au regard des données scientifiques ? L’étude randomisée en double aveugle de Bouamama et al. (2023), publiée dans Physiology & Behavior, vient justement éclairer ce débat avec des résultats à la fois prometteurs et nuancés.

Une méthodologie rigoureuse : placebo, randomisation, double aveugle

L’étude a porté sur 40 hommes physiquement actifs, répartis en deux groupes : l’un recevant 6 g/jour de spiruline pendant 8 semaines, l’autre recevant un placebo. Les chercheurs ont évalué :

  • Les capacités aérobies via un test VO2max,
  • Les marqueurs du stress oxydatif (MDA, SOD, GPx),
  • La composition corporelle (masse maigre, masse grasse),
  • Et les enzymes musculaires (CK, LDH), marqueurs indirects de la récupération et du stress cellulaire.


Quels résultats concrets pour la performance ?

Les résultats sont clairs : le groupe spiruline a amélioré significativement sa VO2max (+9,5 % en moyenne) contre seulement +1,3 % dans le groupe placebo (p < 0,01). Cette augmentation, bien qu’elle ne traduise pas nécessairement un gain direct en performance sur le terrain, suggère une meilleure efficacité aérobie potentielle.

Par ailleurs, la spiruline a réduit les niveaux de MDA (malondialdéhyde), un marqueur classique du stress oxydatif lipidique, et augmenté significativement l’activité des enzymes antioxydantes SOD (+23 %) et GPx (+19 %), ce qui soutient son rôle protecteur contre les dommages cellulaires induits par l’effort.

Une récupération musculaire potentiellement optimisée

Les concentrations sanguines de créatine kinase (CK) et de lactate déshydrogénase (LDH), enzymes libérées en cas de micro-lésions musculaires, ont diminué de façon plus marquée dans le groupe spiruline. Cela pourrait traduire une meilleure récupération post-exercice, ou tout au moins une atténuation des dommages musculaires induits par l'entraînement intense.

Quelles limites à ces résultats ?

Malgré ces données encourageantes, l’étude présente des limites à ne pas négliger :

  • La population étudiée est homogène (hommes actifs mais non sportifs d’élite), ce qui limite la généralisation aux athlètes professionnels.
  • Le protocole d’entraînement n’était pas standardisé entre les participants, ce qui peut influencer les réponses métaboliques.
  • Le dosage utilisé (6 g/j) est relativement élevé et difficile à maintenir sur le long terme en pratique.


CONCLUSION

CONCLUSION

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Un outil complémentaire, mais pas une baguette magique


L’étude de Bouamama et al. renforce l’idée que la spiruline peut avoir un intérêt comme support nutritionnel chez les sportifs, notamment grâce à son effet antioxydant et sa potentielle action sur la récupération musculaire. Elle n’améliore pas directement la force ou la puissance, mais pourrait optimiser les processus d’adaptation à l’entraînement.

En pratique, la spiruline peut s’inscrire comme un complément intelligent pour les sportifs soumis à des charges d'entraînement élevées, notamment en période de préparation ou de récupération. Elle ne remplace pas une nutrition bien construite, mais peut être un levier de plus dans l’arsenal du professionnel de santé.

L'ARTICLE

Bouamama S, et al. (2023). Effect of spirulina supplementation on oxidative stress, aerobic performance and muscle damage in active young men: A double-blind placebo-controlled study. Physiology & Behavior, Vol 267, 114224. DOI: 10.1016/j.physbeh.2023.114224