Les seuils ventilatoires — ventilatory threshold 1 (VT1) et ventilatory threshold 2 (VT2) — sont couramment utilisés comme indicateurs non invasifs de la transition aérobie-anaérobie. Mais la littérature est encore floue quant à leur comportement selon le niveau de fitness. L’objectif de cette étude : comparer la cinétique ventilatoire et les seuils chez des hommes jeunes selon leur niveau de capacité aérobie (évaluée via le VO₂max
Les chercheurs ont recruté 88 hommes âgés de 18 à 35 ans, répartis en trois groupes :
- Haute condition aérobie : VO₂max > 55 ml·kg⁻¹·min⁻¹
- Condition modérée : VO₂max entre 45 et 55 ml·kg⁻¹·min⁻¹
- Faible condition aérobie : VO₂max < 45 ml·kg⁻¹·min⁻¹
Tous les participants ont passé un test d’effort progressif maximal sur tapis roulant, avec mesure continue des échanges gazeux afin de déterminer VT1, VT2 et VO₂max, et d’analyser les pourcentages relatifs de VO₂ aux seuils.
- VT1 et VT2 exprimés en % du VO₂max sont significativement plus élevés chez les sujets très entraînés.
→ Le VT2 atteint 88,5 % du VO₂max chez les plus entraînés contre seulement 72,8 % chez les moins entraînés. - La variabilité interindividuelle augmente avec le niveau de forme, notamment pour VT2. Cela montre que les seuils ne sont pas transposables d’un individu à l’autre sans évaluation spécifique.
- Les groupes diffèrent également dans la durée du test, la ventilation minute et la fréquence respiratoire au moment des seuils, ce qui impacte le type de prescription possible.
L’un des apports majeurs de cette étude : montrer que les pourcentages standards (ex. VT2 à 85 % du VO₂max) sont trop réducteurs pour guider l’entraînement ou le retour à l’effort, surtout chez les athlètes ou les sportifs avancés.
1. Personnalisation impérative des zones d’intensité :
Les seuils ventilatoires ne sont pas des pourcentages fixes. Il est dangereux de supposer qu’un VT2 est toujours à 85 % du VO₂max. Une évaluation individualisée (métabolique ou ventilatoire) est donc incontournable pour prescrire au plus juste.
2. En réathlétisation, attention au sur- ou sous-dosage :
Chez les sportifs très entraînés, se baser sur des valeurs standards revient souvent à sous-doser le travail en zone 2 ou seuil. À l’inverse, chez les sujets peu actifs, la zone de transition aérobie-anaérobie est atteinte bien plus tôt.
3. Suivi longitudinal pertinent :
Les adaptations aux entraînements se traduisent par un déplacement progressif des seuils. Le gain de performance ne se mesure pas uniquement sur le VO₂max, mais aussi sur la position relative de VT1 et VT2.