LCA et retour au terrain : la réhabilitation terrain (OFR) change la donne

May 11 / Arnaud BRUCHARD
La rupture du ligament croisé antérieur (LCA) reste l’une des blessures les plus redoutées chez les footballeurs, avec un impact majeur sur la carrière, le moral, et le risque de reblessure. Malgré l’évolution des protocoles, un paradoxe persiste : on sait peu de choses sur ce qui se passe réellement sur le terrain avant la reprise compétitive, notamment pendant la phase dite de "réhabilitation terrain" ou OFR (On-Field Rehabilitation).

C’est précisément ce que vient documenter l’étude de Picinini et al. (2025), menée sur 100 joueurs de football 11 (80 amateurs et 20 professionnels), tous en phase de retour post-ACLR (reconstruction du LCA).

L’étude a suivi une OFR en 5 phases structurées, validées par critères cliniques. Les charges internes (FC, RPE) et externes (via GPS) ont été analysées, et les taux de retour à la compétition (RTC) ont été documentés avec un suivi à plus de 2 ans.

Les 5 phases de l’OFR comprenaient :
  • Travail linéaire et basique
  • Changement de direction contrôlé
  • Intensification des efforts spécifiques
  • Simulation de jeu
  • Retour à l’entraînement modifié collectif

Résultats clés à retenir

 84 % des joueurs ont repris la compétition
  • 100 % des pros ont repris, contre 80 % des amateurs
  • Parmi ceux qui sont allés jusqu’au stade 5 de l’OFR, le taux monte à 90 %
  • La peur de reblessure et la non-préparation physique perçue expliquent la majorité des abandons

 10 % de re-blessures LCA
  • 50 % sur le même genou, 50 % sur le genou opposé
  • Majoritairement chez les amateurs

 Plus d’OFR = plus de retour
  • Les professionnels ont effectué plus de séances (20 vs 13), avec plus d’intensité à chaque phase
  • La progression GPS est linéaire, mais les décélérations restent sous-chargées par rapport aux exigences réelles d’un match

Ce que montre l’analyse GPS


  • Les charges totales (TD), les vitesses de pointe (PS), et les distances à haute intensité (HID) progressent avec chaque phase.
  • Mais même à la phase 5 :
      Les charges restent inférieures à un match (ex : HID = 51 % des matchs)
      Les décélérations (liées à de nombreux mécanismes de blessure) sont les moins travaillées : seulement 26 % de l’intensité match
  • Conséquence : la dernière phase de l’OFR prépare bien à l’entraînement d’équipe, mais pas encore totalement à la compétition.

Implications

✔️ Faire plus d’OFR augmente les chances de retour.
✔️ Il faut quantifier précisément la charge, pas juste “faire du terrain”.
✔️ Les variables critiques comme la décélération ou la vitesse max doivent être spécifiquement travaillées.

Professionnels et amateurs doivent aller jusqu’au stade 5, et intégrer les intensités match avant même le retour en équipe.

CONCLUSION

CONCLUSION

CONCLUSION

CONCLUSION

CONCLUSION

CONCLUSION

CONCLUSION

Cette étude confirme une chose essentielle : ce n’est pas la fin de la rééducation clinique qui marque le vrai tournant, mais la qualité du passage sur le terrain. L’On-Field Rehabilitation (OFR) n’est pas une formalité ni une zone floue à survoler : c’est un processus progressif, mesurable, et décisif.

✔️ Les joueurs qui vont jusqu’au bout du protocole, avec intensité et régularité, maximisent leurs chances de retrouver la compétition.
✔️ Ceux qui raccourcissent, abandonnent ou n’intègrent pas les charges spécifiques (vitesse, décélérations) prennent plus de risques… ou ne reviennent pas.

En somme, cette phase "invisible" de la réathlétisation est tout sauf accessoire. Elle est la clef de voûte entre récupération fonctionnelle et retour performant.

L'ARTICLE

Picinini F, Della Villa F, Tallent J, et al.
High Return to Competition Rate After On-Field Rehabilitation in Competitive Male Soccer Players After ACL Reconstruction: GPS Tracking in 100 Consecutive Cases.
Orthop J Sports Med. 2025;13(3). doi:10.1177/23259671251320093