Échauffement cognitif : un nouveau levier de performance validé scientifiquement

Une revue expérimentale inédite démontre qu'ajouter des tâches cognitives courtes à l'échauffement physique optimise les performances sportives et cognitives, même en état de fatigue mentale. À découvrir absolument pour les préparateurs physiques, kinés du sport et entraîneurs.
Apr 13 / ARNAUD BRUCHARD

Contexte : fatigue mentale et performance sportive, un enjeu mal maîtrisé

La fatigue mentale est un frein majeur à la performance, surtout chez les sportifs soumis à des charges cognitives ou à des privations de sommeil (compétitions, déplacements, examens, etc.). Or, l’échauffement est souvent exclusivement physique — et la dimension cognitive est peu explorée. Pourtant, les athlètes de haut niveau expérimentent parfois, de manière empirique, des échauffements intégrant des drills cognitifs (réaction, attention, inhibition). Mais jusqu’à récemment, aucune étude n’avait formellement évalué l’effet de cette combinaison sur la performance réelle.

C’est l’objet de cette étude en deux volets (jeunes sportifs et seniors), menée par Díaz-García et al. (2025), qui analyse l’effet de l’intégration de tâches cognitives à différents moments et durées de l’échauffement physique, dans des contextes de sommeil normal ou de privation.

Méthodologie : 2 études, 63 participants, 2 âges de vie

Étude 1 : 31 joueurs de padel de niveau national U23
  • Test : précision de frappe + Stroop test
  • 4 conditions d’échauffement :
      - échauffement physique seul
      - échauffement physique + 10 min de Stroop
      - 17,5 min de Stroop
      - 30 min de Stroop
Chaque condition testée avec et sans privation de sommeil (60 % de la durée habituelle)

Étude 2 : 32 adultes de 68 à 77 ans, sédentaires
  • Tests : 30s sit-stand, arm curl, 6-min walk test, Stroop, PVT (réaction)
  • 3 échauffements : aucun / physique seul / physique + cognitif
  • Conditions : sommeil normal vs privation (50 %)

Résultats : la performance optimisée par des doses cognitives "justes"

Performance améliorée par une dose modérée de stimulation cognitive :
  • Les performances sportives (frappes précises, tests de force/endurance) sont meilleures avec un échauffement physique + 10 à 17,5 min de Stroop.
  • Les performances cognitives (inhibition, vigilance) suivent la même tendance.
  • Ces effets sont présents chez les jeunes sportifs ET chez les seniors sédentaires, qu’ils soient bien reposés ou en dette de sommeil.

⚠️ Mais attention au “trop” :
  • 30 minutes de stimulation cognitive avant l’effort détériorent les performances, surtout en état de fatigue.
  • Ce phénomène en “U inversé” est baptisé "Goldilocks Effect" : il faut ni trop peu, ni trop de stimulation cognitive avant l’effort, mais une dose juste et adaptée.

Implications pratiques pour les kinés et préparateurs physiques

L’échauffement ne doit plus être purement moteur.
  • Un court module cognitif (Stroop, réaction visuelle, décision rapide) peut booster les performances, notamment en situation de stress ou de fatigue mentale.
  • Chez les jeunes comme chez les plus âgés, la combinaison corps + cerveau avant l’effort semble améliorer la disponibilité motrice, la précision et la vigilance.

Attention au dosage :
  • La clé réside dans des tâches courtes à intensité modérée, ciblant l'inhibition, la vitesse de réaction, ou l’attention, et intégrées intelligemment au protocole de warm-up.

Goldilocks Effect = “ni trop, ni trop peu”
Le Goldilocks Effect, ou effet Boucles d'Or, désigne une situation où la meilleure performance est atteinte avec une quantité modérée de stimulation. (Trop peu : pas d’effet;Trop : surcharge ou fatigue; Juste ce qu’il faut : effet optimal.)
Le nom vient du conte "Boucles d'Or" où l’héroïne choisit la soupe ni trop chaude, ni trop froide, mais à la température parfaite. En science, ce principe est utilisé pour décrire des effets en courbe en U inversé : le bénéfice maximal se situe entre deux extrêmes.

CONCLUSION

CONCLUSION

CONCLUSION

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CONCLUSION

CONCLUSION

Cette étude ouvre une nouvelle ère dans la préparation à l’effort. Elle confirme que le cerveau aussi doit s’échauffer — mais pas n’importe comment.

Préparateurs, kinésithérapeutes du sport, coachs : vous disposez désormais d’un levier simple, validé scientifiquement, pour maximiser la performance et contrer les effets du stress ou du manque de sommeil.

L'ARTICLE

Díaz-García J, Rubio-Morales A, Manzano-Rodríguez D, García-Calvo T, Ring C.
Cognitive Priming During Warmup Enhances Sport and Exercise Performance: A Goldilocks Effect.
Brain Sciences. 2025; 15(3):235. https://doi.org/10.3390/brainsci15030235​:contentReference[oaicite:0]{index=0}