L’instabilité antérieure de l’articulation glénohumérale est une blessure fréquente, notamment dans les sports de contact ou de collision, souvent caractérisée par des récidives de subluxations ou de luxations, en particulier chez les jeunes athlètes. Pour évaluer l'aptitude au retour au sport après une stabilisation chirurgicale de l’épaule via la procédure de Latarjet, le score S-STARTS, basé sur une série de tests évaluant les capacités fonctionnelles et psychologiques, a été validé statistiquement. Toutefois, aucune étude n'a encore établi de lien entre le score composite obtenu à 4,5 mois post-opératoire et la reprise du sport à 1 an post-opératoire. L'objectif de cette étude est donc d'évaluer le potentiel prédictif du score S-STARTS pour la reprise du sport un an après l'opération.
Soixante-dix-sept athlètes, âgés de 16 à 43 ans, ayant réalisé la batterie de tests à 4,5 mois après une chirurgie stabilisatrice de l’épaule par la procédure de Latarjet, ont été inclus dans cette étude. Un questionnaire téléphonique leur a été administré un an après l'opération, la question principale étant : « Pratiquez-vous actuellement un sport ? ». La validité prédictive du score S-STARTS a été évaluée à l'aide de la courbe ROC, de l'indice de Youden, du test t de Student, ainsi que des ratios de vraisemblance positifs et négatifs et de l'odds ratio.
Un an après l'opération, 88 % des athlètes (68 sur 77) avaient repris le sport. Le score moyen des sportifs ayant repris le sport était significativement plus élevé que celui des athlètes n’ayant pas repris le sport (14,6 ± 3,1 points contre 11,0 ± 3,2 points sur 21 ; p < 0,01 ; taille d'effet : 1,12). Le meilleur compromis entre sensibilité (85 %) et spécificité (67 %) a été trouvé pour un score de 11,5 points sur 21, avec un indice de Youden de 0,52. L'aire sous la courbe ROC (AUC) était de 0,79. Le ratio de vraisemblance positif était de 2,55 et le ratio de vraisemblance négatif de 0,22. L'odds ratio était de 11,6.
La capacité prédictive du score S-STARTS pour le retour au sport est jugée modérée. Cependant, un athlète ayant un score supérieur à 11,5 points à 4,5 mois post-opératoire aurait 11,6 fois plus de chances de reprendre le sport à 1 an post-opératoire. Le score S-STARTS apparaît comme un outil sensible, permettant de limiter le refus de retour au sport chez des patients qui en auraient les capacités. Néanmoins, sa spécificité limitée peut autoriser des patients à reprendre le sport alors qu’ils n’en auraient pas réellement la capacité. Après une procédure de Latarjet, le score S-STARTS semble être un outil prometteur pour aider les entraîneurs et cliniciens dans leurs décisions concernant le retour au sport. Toutefois, ces résultats préliminaires doivent être confirmés par une étude incluant un plus grand nombre de patients.
